DIANE LAVA - Fanny

Je connais Fanny depuis très longtemps. Souvent je lui achetais des coquillages quand elle tenait son banc devant le Bar de la Marine. Elle était toute jeunette, fraîche, pétillante. J'aimais sa démarche. Elle faisait trois pas vers le rideau de perle du bar et elle donnait l'impression de danser. J'ai assisté à son mariage. Je fais parti de ceux qui ont eu le cœur déchiré de la voir sortir de l'église au bras de Maître Panisse. Un brave homme ce Panisse ! Je ne le nie pas. Mais la pauvre petite avait une mine bien tristounette ce jour-là. J'en ai longtemps voulu à César d'avoir laissé faire ce mariage. Pas heureuse tous les jours notre petite vendeuse de coquillages. Et surtout pas toutes les nuits. Je viens de la revoir. Elle est toujours aussi belle. Mais vingt ans se sont passés. Maintenant c'est une dame. Regardez la superbe photo qu'a fait d'elle mon ami Marcel. Elle est avec son fils, Césariot. On la voit stricte, rigide. Elle ne danse plus sur place. Il n'y a pas un cheveux qui dépasse. Le maquillage est presque sévère. La fréquentation excessive du curé l'a rendue un peu... comment pourrais-je dire ? Pudibonde ? Que je n'aime pas ce mot ! Mais la conversation qu'elle va avoir avec son fils rétablit la vérité. Le vernis craque. L'amoureuse de Marius, l'amante, est toujours là. La braise couvait sous la cendre. C'est une femme qui parle, une vraie femme, passionnée, et prête à vivre sa passion. Vous imaginez-vous ce qu'il faut de talent à une actrice pour nous faire ressentir toutes ces émotions ? Diane, qui n'a jamais vendu de coquillages devant le bar de la Marine, jamais épousé un Maître Panisse, et ne sait pas encore ce que c'est que d'avoir un fils dans l'adolescence (du moins je suppose tout cela), arrive à nous persuader de la vérité de son personnage. Une très grande actrice que Diane Lava.