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QUAND JE RACONTE UNE HISTOIRE...

Avez-vous remarqué comme il est difficile de raconter une histoire quand il y a des femmes dans l’assistance ? Elles font semblant d’écouter mais en réalité leur esprit est ailleurs. Et pendant que vous vous appliquez à faire revivre tel ou tel souvenir, telle ou telle anecdote, elles sont préoccupées par un ongle qui vient de se casser ou le regret d’avoir mis une robe bleue plutôt qu’une autre, rouge. Ma femme est une terrible empêcheuse de raconter. Nous recevons quelques amis. Ma femme me dit : – Raconte-leur ce qui nous est arrivé pendant nos dernières vacances en Espagne. Et elle ajoute : – Vous allez voir, c’est tordant. Comme je suis d’un naturel bavard, doté d’une forte propension à me mettre en avant, je commence. — C’était au mois de juillet… Et ma femme, pour m’aider, corrige. — Mais non, Yves, c’était le premier août. Souviens-toi, nous devions fêter l’anniversaire de Georges, et Georges est justement du premier août. Je reconnais la chose ; et comme ça n’a aucune incidence dans cette histoire, je continue. — Nous venions d'arriver à un village qui s’appelle Campoverde… — Camponegro, interrompt ma femme. Camponegro ! J’en suis sûre puisque nous avions décidé de rendre visite aux Maurel, et que les Maurel habitent Camponegro ! Un de nos amis intervient alors : — Tiens, nous aussi nous connaissons des Maurel. Mais ils habitent dans le Massif Central. — D’ailleurs, intervient sa femme, ils ne s’appellent pas Maurel, mais Marelle. — Continue, Yves, ne t’arrête donc pas tout le temps. Je continue. — Nous suivons les indications du GPS qui, selon ses habitudes nous plante. Nous stoppons devant une ferme isolée pour demander notre chemin. Je frappe à la porte… — Pas vraiment, intervient ma femme. En fait tu klaxonnes, car le paysan était dans son champ tout à côté de la ferme, même qu’il taillait un olivier. Ça n’a aucune sorte d’intérêt pour la suite de l'histoire. — Et c’est alors que… Plus personne ne me regarde, plus personne ne m’écoute. — Alors, glisse ma femme à l’oreille de notre amie, votre petit vient d’entrer en sixième ? Elle a dit ça à voix très basse pour ne pas me déranger dans mon récit. Ah ! C’est l’heure de passer à table. Le rôti risque d’être trop cuit. Un de ces jours je vous raconterai ce qui nous est arrivé à Campoverde. Non, à Camponegro. Et puis zut ! De toutes façons ça ne vous intéressera pas.

 
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